L'acquisition d'un bien immobilier neuf représente un investissement conséquent, souvent le plus important d'une vie. Il est donc crucial de bien comprendre les garanties qui protègent cet investissement contre d'éventuels défauts de construction ou de fonctionnement. Parmi ces garanties légales, la garantie biennale immobilière , également appelée garantie de bon fonctionnement (GBF), joue un rôle essentiel. Cette garantie offre une protection spécifique pour certains équipements dissociables du bâtiment, assurant leur fonctionnement optimal pendant une période de deux ans à compter de la réception des travaux. Elle permet de se prémunir contre des dépenses imprévues, de bénéficier d'une certaine tranquillité d'esprit et d'éviter des litiges coûteux.
La garantie biennale s'inscrit dans un ensemble de garanties légales obligatoires pour le constructeur, dont la garantie de parfait achèvement (GPA) et la garantie décennale. Comprendre les nuances entre ces différentes protections est fondamental pour faire valoir ses droits en cas de sinistre. Saviez-vous que, selon les statistiques de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), près de 15% des constructions neuves présentent des désordres relevant de la garantie biennale dans les deux ans suivant la réception? Dans cet article, nous allons explorer en détail les applications pratiques de la garantie biennale immobilière , afin de vous fournir une information claire, complète et à jour sur ce sujet crucial dans le secteur de l'immobilier neuf.
Définition et importance de la garantie biennale (code civil)
La garantie biennale , encadrée par le Code civil, plus précisément par les articles 1792-3 et suivants, est une obligation légale pour le constructeur, le promoteur immobilier ou le vendeur d'un logement neuf. Elle couvre les éléments d'équipement dissociables du bâtiment, c'est-à-dire ceux qui peuvent être enlevés ou remplacés sans détériorer la construction elle-même. Cette garantie offre une protection de 2 ans , à compter de la date de réception des travaux, contre les défauts de fonctionnement de ces équipements. L'objectif premier de cette garantie de bon fonctionnement est de prémunir l'acquéreur contre les désagréments et les coûts liés à un dysfonctionnement prématuré d'équipements censés être en parfait état de marche lors de la réception du bien immobilier.
L'importance de la garantie biennale immobilière réside dans la sécurité financière qu'elle procure aux propriétaires. En cas de panne ou de dysfonctionnement d'un équipement couvert, le constructeur est tenu d'assurer sa réparation ou son remplacement, sans frais supplémentaires pour l'acquéreur. Cette garantie permet d'éviter des dépenses imprévues et potentiellement importantes, contribuant ainsi à la tranquillité d'esprit des propriétaires. Pour les constructeurs et promoteurs immobiliers, le respect de cette garantie est une obligation légale qui impacte directement leur réputation et leur crédibilité. Le non-respect de la garantie biennale peut entraîner des litiges coûteux, une mauvaise publicité et nuire à leur image de marque dans le secteur de la construction. De plus, une étude de l'Agence Qualité Construction (AQC) montre que les litiges liés à la garantie biennale représentent environ 8% des litiges dans le secteur du bâtiment.
Champ d'application précis de la garantie biennale
Comprendre précisément le champ d'application de la garantie biennale immobilière est essentiel pour savoir quels équipements sont couverts et dans quelles conditions. La garantie se concentre sur les équipements "dissociables", mais cela nécessite une définition précise pour éviter toute confusion. De plus, identifier les types de défauts couverts et les exceptions à cette garantie est primordial pour faire valoir ses droits de manière efficace et éviter les mauvaises surprises lors d'un achat immobilier. Il faut noter que la jurisprudence évolue constamment en la matière, rendant une analyse régulière nécessaire.
Quels types de biens sont couverts ?
La garantie biennale s'applique principalement aux équipements qui peuvent être retirés ou remplacés sans endommager la structure du bâtiment. Cela inclut une large gamme d'éléments, allant des systèmes de chauffage aux équipements sanitaires, en passant par les menuiseries et les installations électriques. La notion de "dissociabilité" est donc la clé pour déterminer si un bien est couvert par cette garantie. Par ailleurs, la Cour de cassation a, à plusieurs reprises, précisé les contours de cette notion, notamment concernant les équipements encastrés et les systèmes complexes. Ainsi, un réfrigérateur encastrable peut être considéré comme relevant de la garantie biennale, tandis que le plan de travail dans lequel il est intégré n'y est pas soumis.
- Systèmes de chauffage et de climatisation : Radiateurs (hors corps de chauffe souvent relevant de la décennale), chaudières murales, chauffe-eau thermodynamiques, climatiseurs réversibles, pompes à chaleur air/air, VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) simple et double flux. Environ 60% des interventions concernent le chauffage.
- Équipements de plomberie et sanitaires : Robinetterie (mitigeurs, mélangeurs, thermostatiques), WC suspendus, lavabos, douches, baignoires balnéo (hors étanchéité relevant de la décennale), ballons d'eau chaude électriques ou solaires.
- Menuiseries intérieures et extérieures : Volets roulants motorisés ou manuels, stores bannes, fenêtres (uniquement le mécanisme de fonctionnement, et non le vitrage ou l'étanchéité), portes de garage sectionnelles.
- Installations électriques : Sèche-serviettes électriques, convecteurs, interrupteurs différentiels, prises de courant, certains types de spots d'éclairage encastrés, systèmes de motorisation de portails.
Quels types de défauts sont couverts ?
La garantie biennale couvre les défauts de fonctionnement qui rendent l'équipement impropre à son usage normal. Cela peut se traduire par une cessation complète de fonctionnement, un fonctionnement anormal (bruits excessifs, vibrations), des dysfonctionnements répétés (arrêt intempestif d'une chaudière) ou une performance significativement inférieure à celle attendue (radiateur ne chauffant qu'à moitié). Cependant, il est important de noter que les défauts purement esthétiques, qui n'affectent pas le fonctionnement de l'équipement, ne sont généralement pas couverts par la garantie biennale . Par exemple, une rayure sur un radiateur ne serait pas prise en charge, contrairement à un radiateur qui ne chauffe plus ou émet des bruits anormaux. Selon l'AQC, 75% des sinistres relevant de la biennale sont liés à des problèmes de fonctionnement. Le coût moyen d'une intervention est de 350 euros .
Pour que la garantie biennale soit applicable, le défaut de fonctionnement doit être constaté pendant la période de garantie de deux ans. De plus, il est essentiel de signaler rapidement le problème au constructeur ou au promoteur immobilier, afin de ne pas risquer de perdre ses droits. La garantie couvre les coûts de réparation ou de remplacement de l'équipement défectueux, y compris la main d'œuvre et les frais de déplacement du technicien. Cependant, elle ne couvre généralement pas les dommages indirects causés par le défaut de fonctionnement, tels que les dégâts des eaux occasionnés par une fuite d'un ballon d'eau chaude, sauf si une clause spécifique le prévoit dans le contrat. Les dommages et intérêts ne sont pas non plus pris en charge.
Exceptions à la garantie biennale
Certaines situations peuvent exclure l'application de la garantie biennale . Parmi les exceptions les plus courantes, on retrouve l'usure normale de l'équipement, le défaut d'entretien (absence de détartrage d'un chauffe-eau), la mauvaise utilisation par le propriétaire (utilisation non conforme aux instructions du fabricant) et les cas de force majeure (catastrophe naturelle). Il est donc important de respecter scrupuleusement les consignes d'utilisation et d'entretien fournies par le fabricant, afin de ne pas compromettre la garantie. Par exemple, si un chauffe-eau tombe en panne en raison d'un manque de détartrage régulier, la garantie biennale ne pourra pas être invoquée. Une fuite d'eau causée par le gel des canalisations en hiver, en raison d'une absence de protection adéquate, pourrait également être considérée comme un cas de force majeure, excluant la garantie. Environ 10% des demandes de prise en charge sont rejetées pour cause de défaut d'entretien.
Il est également important de noter que la garantie biennale ne couvre pas les dommages causés par des tiers (vandalisme, travaux réalisés par un autre artisan sans l'accord du constructeur). Si un équipement est endommagé par une personne extérieure, par exemple lors de travaux réalisés par un autre artisan, la garantie biennale ne sera pas applicable. Dans ce cas, il faudra se tourner vers la responsabilité civile de la personne responsable des dommages. L'application de la garantie est également soumise au respect des conditions générales de vente, qui peuvent prévoir des exclusions spécifiques. Il est donc conseillé de lire attentivement ces conditions avant de faire valoir ses droits. Le délai moyen de traitement d'un dossier est de 30 jours .
Applications pratiques et exemples concrets (par type d'équipement)
Pour illustrer concrètement l'application de la garantie biennale immobilière , il est utile de passer en revue différents types d'équipements et de présenter des exemples de situations où la garantie peut être invoquée. Ces exemples permettront de mieux comprendre les nuances de la garantie et de savoir comment réagir en cas de problème. Il est important de se rappeler que la garantie est axée sur le "bon fonctionnement" de l'équipement, et que ce fonctionnement doit être altéré de manière significative pour justifier une intervention. Une statistique intéressante : le coût moyen d'une intervention sous garantie biennale se situe entre 250€ et 500€ .
Chauffage
Le système de chauffage est un élément essentiel du confort d'un logement, et les pannes peuvent rapidement devenir problématiques. La garantie biennale peut être invoquée dans plusieurs situations, notamment lorsque le radiateur cesse de chauffer (absence de production de chaleur), que la chaudière se met en sécurité de manière répétée (plus de 3 fois par mois) ou qu'un problème de thermostat empêche de réguler correctement la température ambiante. Il est important de vérifier que le problème ne provient pas d'une simple panne de courant ou d'un réglage incorrect des paramètres de la chaudière, avant de faire appel à la garantie .
Imaginons le scénario suivant : Madame Dupont emménage dans sa maison neuve en octobre. En décembre, elle constate que l'un des radiateurs de sa chambre ne chauffe plus, malgré le fait que le thermostat soit réglé au maximum. Elle contacte le constructeur, qui envoie un technicien agréé. Celui-ci diagnostique un défaut de fabrication du corps de chauffe du radiateur et procède à son remplacement sous garantie biennale . Dans cet exemple, le défaut de fonctionnement est clairement établi, et le radiateur est couvert par la garantie , ce qui permet à Madame Dupont de bénéficier d'une réparation gratuite. Environ 85% des pannes de radiateurs sont prises en charge.
Plomberie
Les problèmes de plomberie, tels que les fuites, les problèmes de pression d'eau ou les chasses d'eau défectueuses, peuvent également être couverts par la garantie biennale . Il est important de distinguer les fuites dues à un défaut du robinet ou de la canalisation (relevant potentiellement de la biennale) des fuites dues à un défaut d'étanchéité (relevant plutôt de la décennale). Un robinet qui fuit constamment, même après avoir été fermé correctement, peut être un signe d'un défaut couvert par la garantie . La pression d'eau, si anormalement basse (inférieure à 1 bar ) peut également relever de la garantie biennale si le réseau de distribution est en cause.
Prenons l'exemple de Monsieur Martin, qui constate une fuite au niveau du mitigeur de sa cuisine quelques mois après avoir emménagé. L'eau s'écoule en permanence, même lorsque le robinet est fermé. Après avoir contacté le constructeur, un plombier intervient et constate un défaut de fabrication de la cartouche céramique du mitigeur. Le mitigeur est remplacé gratuitement dans le cadre de la garantie biennale . Cette intervention permet à Monsieur Martin d'éviter un gaspillage d'eau et une augmentation de sa facture, ainsi qu'une potentielle dégradation des meubles de cuisine. Les fuites de robinetterie représentent environ 12% des interventions sous garantie biennale.
Menuiseries
La garantie biennale peut s'appliquer aux mécanismes de fonctionnement des menuiseries, tels que les volets roulants, les stores et les fenêtres. Cependant, elle ne couvre généralement pas les problèmes d'étanchéité, les défauts esthétiques (une rayure sur un volet) ou les bris de glace. Un volet roulant qui ne s'ouvre ou ne se ferme plus correctement (blocage du moteur), ou un store qui reste bloqué (rupture du mécanisme d'enroulement), peuvent être des signes d'un défaut couvert par la garantie .
Considérons le cas de Madame Leroy, dont le volet roulant de sa baie vitrée se bloque à mi-hauteur après quelques mois d'utilisation. Elle contacte le constructeur, qui constate un défaut du moteur électrique du volet. Le moteur est remplacé sous garantie , ce qui permet à Madame Leroy de retrouver un volet fonctionnel et de profiter pleinement de sa baie vitrée. Dans ce cas, le dysfonctionnement du moteur est clairement couvert par la garantie biennale . Le remplacement d'un moteur de volet roulant coûte en moyenne 200 euros .
Démarches à suivre en cas de sinistre relevant de la garantie biennale
En cas de sinistre relevant de la garantie biennale immobilière , il est important de suivre une procédure précise pour faire valoir ses droits et obtenir une réparation ou un remplacement de l'équipement défectueux. La première étape consiste à notifier le sinistre au constructeur ou au promoteur immobilier, de préférence par lettre recommandée avec accusé de réception. Il est crucial de conserver une copie de cette lettre et de l'accusé de réception, en cas de litige ultérieur. Le respect de cette procédure est essentiel pour faire valoir ses droits.
Notification du sinistre
La notification du sinistre doit être adressée au constructeur ou au promoteur immobilier, qui est responsable de la garantie biennale . Dans certains cas, il peut être utile de contacter également l'entreprise ayant réalisé les travaux, si elle est différente du constructeur. La notification doit être claire, précise et détaillée. Il est important de décrire le problème rencontré de manière exhaustive, en indiquant la date de constatation du sinistre, les références du bien (numéro de lot, adresse) et une copie du procès-verbal de réception des travaux. Par ailleurs, il est prudent d'ajouter des photos ou des vidéos du défaut constaté, ainsi qu'une copie de la facture de l'équipement défectueux (si disponible).
Le délai pour notifier le sinistre est généralement laissé à l'appréciation des tribunaux, mais il est conseillé d'agir rapidement, dès la constatation du défaut. Un délai trop long (supérieur à 2 mois ) pourrait être interprété comme une acceptation tacite du défaut, et rendre plus difficile la mise en œuvre de la garantie . La notification doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de conserver une preuve de la date d'envoi et de la réception de la lettre par le constructeur. Il est également conseillé de conserver une copie de la lettre et de l'accusé de réception. Le modèle de lettre de notification est disponible en ligne sur le site du Service Public.
Réaction du constructeur et recours juridiques
Le constructeur a l'obligation de réparer ou de remplacer l'équipement défectueux dans un délai raisonnable. Ce délai peut varier en fonction de la nature du problème et de la disponibilité des pièces de rechange. En cas de non-respect de ses obligations (absence de réponse dans un délai de 1 mois , refus de prendre en charge le sinistre), le propriétaire peut mettre en demeure le constructeur de procéder aux réparations, en lui fixant un délai précis. Si la mise en demeure reste sans effet, il est possible d'engager une action en justice pour faire valoir ses droits. Il est crucial de se faire accompagner par un avocat spécialisé dans le droit de la construction. Le coût d'une procédure judiciaire peut varier de 1500€ à 5000€ , en fonction de la complexité du dossier.
Avant d'engager une action en justice, il est souvent conseillé de tenter une conciliation ou une médiation avec le constructeur. Ces modes alternatifs de règlement des litiges peuvent permettre de trouver une solution amiable et d'éviter les coûts et les délais d'une procédure judiciaire. Le tribunal compétent pour les litiges relevant de la garantie biennale est généralement le tribunal judiciaire du lieu de situation de l'immeuble. Le délai de prescription pour agir en justice est de deux ans à compter de la date de la réception des travaux. Le recours à un expert judiciaire est souvent nécessaire pour déterminer l'origine du dysfonctionnement et établir la responsabilité du constructeur.
Différences et articulations avec les autres garanties (parfait achèvement, décennale)
La garantie biennale immobilière n'est qu'une des trois garanties légales qui protègent les acquéreurs de biens immobiliers neufs. Il est donc essentiel de comprendre les différences et les articulations entre la garantie de parfait achèvement, la garantie biennale et la garantie décennale, afin de savoir quelle garantie invoquer en fonction du type de désordre rencontré. Une bonne compréhension de ces trois garanties permet de maximiser la protection de son investissement immobilier et d'éviter des démarches inutiles. Une bonne compréhension de ces garanties permet de se prémunir contre des vices cachés.
Garantie de parfait achèvement (GPA)
La garantie de parfait achèvement couvre tous les désordres signalés lors de la réception des travaux (réserves mentionnées sur le procès-verbal de réception) ou dans l'année qui suit. Cela inclut les défauts de conformité (non-respect des plans), les malfaçons (travaux mal exécutés) et les désordres esthétiques (fissures, rayures). Contrairement à la garantie biennale , la GPA couvre tous les types de désordres, sans distinction, pendant une période limitée d'un an. La GPA est donc une garantie plus large, mais de plus courte durée, que la garantie biennale . Elle est particulièrement utile pour les désordres mineurs qui n'affectent pas le fonctionnement de l'équipement.
Par exemple, si une rayure est constatée sur un radiateur lors de la réception des travaux, elle peut être signalée dans le procès-verbal de réception et sera couverte par la GPA. En revanche, si le radiateur cesse de fonctionner six mois après la réception, c'est la garantie biennale qui s'appliquera. Un défaut de conformité, tel qu'une couleur de peinture différente de celle initialement prévue, relève également de la GPA. Il est donc important de signaler tous les désordres, même mineurs, dans le procès-verbal de réception, afin de bénéficier de la protection de la GPA. Environ 65% des désordres signalés lors de la réception sont corrigés dans le cadre de la GPA.
Garantie décennale
La garantie décennale, comme son nom l'indique, couvre les désordres qui compromettent la solidité de l'ouvrage (risque d'effondrement) ou le rendent impropre à sa destination (impossibilité d'habiter), pendant une période de dix ans à compter de la réception des travaux. Il s'agit d'une garantie beaucoup plus étendue que la garantie biennale , tant en termes de durée que de nature des désordres couverts. La garantie décennale est la garantie la plus importante pour protéger les acquéreurs contre les risques de sinistres graves et les vices de construction. Elle concerne les fondations, la toiture, l'étanchéité et les éléments de structure.
Par exemple, un défaut d'étanchéité de la toiture qui provoque des infiltrations d'eau importantes, ou un défaut de fondation qui entraîne des fissures dans les murs, relèvent de la garantie décennale. La garantie décennale ne couvre pas les désordres esthétiques ou les défauts de fonctionnement des équipements, qui relèvent de la garantie biennale ou de la GPA. Il est donc important de bien identifier la nature du désordre pour savoir quelle garantie invoquer. Une chaudière défectueuse, par exemple, ne relève pas de la garantie décennale, sauf si son dysfonctionnement compromet la sécurité des occupants en raison d'une fuite de monoxyde de carbone. La prime d'assurance décennale représente environ 1% du coût total de la construction .
Pour résumer :
- Garantie de Parfait Achèvement (GPA) : 1 an, tous types de désordres signalés à la réception ou dans l'année suivant.
- Garantie Biennale : 2 ans, défauts de fonctionnement des équipements dissociables.
- Garantie Décennale : 10 ans, désordres compromettant la solidité ou rendant l'ouvrage impropre à sa destination.
Points de vigilance et conseils pratiques pour les propriétaires
Pour se prémunir contre les litiges et les désagréments liés à la garantie biennale immobilière , il est important d'être vigilant à plusieurs étapes, depuis l'achat du bien jusqu'à la fin de la période de garantie. Une bonne connaissance de ses droits et obligations, ainsi qu'une attitude proactive, permettent de maximiser la protection offerte par la garantie biennale . Il est également important de conserver tous les documents relatifs à la construction et à la vente du bien, car ils peuvent être utiles en cas de litige. Une checklist des éléments à vérifier lors de la réception des travaux peut s'avérer très utile.
Avant l'achat et pendant la construction
Avant de signer le contrat de construction ou de vente, il est essentiel de bien lire les clauses relatives aux garanties, et de se renseigner sur la réputation du constructeur ou du promoteur immobilier (ancienneté, nombre de projets réalisés, avis des clients). Un constructeur sérieux et fiable sera plus enclin à respecter ses obligations en matière de garantie. Il est également conseillé de suivre l'avancement des travaux et de signaler les défauts constatés au fur et à mesure, afin d'éviter qu'ils ne soient dissimulés. Il est important de choisir un constructeur ayant souscrit une assurance dommage-ouvrage, qui facilite la mise en œuvre de la garantie décennale en cas de sinistre. Le coût de l'assurance dommage-ouvrage représente environ 3% du coût total de la construction .
Pendant la construction, il est recommandé de prendre des photos ou des vidéos des différentes étapes, afin de conserver une trace de l'état initial des équipements et des installations. Ces photos peuvent être utiles en cas de litige ultérieur, pour prouver l'existence d'un défaut ou d'une malfaçon. Il est également conseillé de se faire accompagner par un professionnel du bâtiment lors de la réception des travaux, afin de bénéficier d'un avis éclairé et de signaler tous les désordres apparents dans le procès-verbal de réception. Le coût de cette assistance peut être déduit des impôts, sous certaines conditions liées à la loi Pinel ou à d'autres dispositifs de défiscalisation immobilière. Un expert en bâtiment facture en moyenne 500 euros pour une assistance à la réception.
Après la réception
Après la réception des travaux, il est important de conserver précieusement tous les documents relatifs à la construction et à la vente du bien, tels que le contrat, le procès-verbal de réception, les factures, les plans et les notices d'utilisation des équipements. Il est également essentiel d'effectuer l'entretien régulier des équipements, en respectant scrupuleusement les consignes du fabricant, afin de ne pas compromettre la garantie. Enfin, il est important d'agir rapidement en cas de sinistre, en notifiant le constructeur dans les meilleurs délais, idéalement par lettre recommandée avec accusé de réception. La conservation de ces documents est primordiale.
En cas de litige avec le constructeur, il est conseillé de préparer ses arguments de manière précise et concise, et de rester courtois mais ferme dans ses revendications. Il est également possible de se faire accompagner par une association de consommateurs (Que Choisir, UFC-Que Choisir) ou par un juriste spécialisé dans le droit de la construction, afin de bénéficier d'un soutien et de conseils adaptés. Enfin, il est important de se rappeler que la garantie biennale immobilière est un droit, et qu'il ne faut pas hésiter à le faire valoir si nécessaire. Le recours à un conciliateur de justice est une solution amiable à privilégier avant toute action en justice.
Conseils supplémentaires :
- Conservez précieusement le procès-verbal de réception des travaux.
- Souscrivez une assurance habitation adaptée à votre logement neuf.
- Effectuez un entretien régulier des équipements pour éviter les pannes.
- Signalez tout désordre dès sa constatation.
Évolution jurisprudentielle et perspectives d'avenir
La jurisprudence relative à la garantie biennale immobilière est en constante évolution, et il est important de se tenir informé des dernières décisions des tribunaux pour connaître l'interprétation actuelle des textes de loi. Certains arrêts récents ont précisé les contours de la notion de "bon fonctionnement" et ont étendu le champ d'application de la garantie à certains équipements non expressément mentionnés dans la loi. Par ailleurs, les préoccupations environnementales croissantes pourraient influencer l'évolution de la garantie biennale à l'avenir, avec une prise en compte de la durabilité des matériaux et de la performance énergétique des équipements.
Par exemple, un arrêt récent de la Cour de cassation a considéré que les panneaux photovoltaïques installés sur un toit relevaient de la garantie biennale , même s'ils ne sont pas expressément mentionnés dans la loi. La Cour a estimé que les panneaux photovoltaïques sont des équipements dissociables du bâtiment et que leur bon fonctionnement est essentiel pour assurer leur usage normal (production d'électricité). Cette décision illustre la tendance à une interprétation extensive de la garantie biennale , afin de mieux protéger les acquéreurs. L'évolution vers des bâtiments plus durables et écologiques pourrait également conduire à un allongement de la durée de la garantie biennale , afin d'inciter les constructeurs à utiliser des matériaux plus résistants, à privilégier la qualité et à mettre en place des systèmes de maintenance préventive. La garantie pourrait être étendue à 5 ans pour certains équipements.
La domotique et les maisons connectées pourraient également impacter l'application de la garantie biennale à l'avenir. Les équipements domotiques, tels que les thermostats connectés, les systèmes d'alarme et les éclairages intelligents, sont de plus en plus présents dans les logements neufs. La question de savoir si ces équipements relèvent de la garantie biennale est encore en débat, mais il est probable que la jurisprudence finira par les inclure dans le champ d'application de la garantie, en considérant qu'ils sont essentiels au confort et à la sécurité des occupants. L'obsolescence programmée des équipements électroniques est également une question qui pourrait être prise en compte à l'avenir, afin de mieux protéger les consommateurs contre les pannes prématurées et les coûts de remplacement. L'intégration de clauses spécifiques dans les contrats de construction est une piste à explorer.